ÎLE DE LA REUNION |
Une bouffée d'air, de chaleur, de verdure... loin de ma pollution... une bouffée de vie loin de ma mort programmée... une bouffée de soleil, de mer et puis d'espoir. Réunion de sensations, réunion d'émotions...
J'allais sur ces chemins au milieu de vallées escarpées aux dimensions vertigineuses, emplissant mes yeux des mille couleurs de cette île merveilleuse, à la fois sauvage et sereine, tranchante et douce. C'était une promenade dans un autre monde, là où les routes sinuent et que tout paraît pourtant si droit... si direct. Là où le soleil joue avec les nuages... Là où les nuages caressent le galbe sensuel du sein de son volcan... La où le volcan contient sa rage, caché derrière son voile de brume et son frais manteau de ciel.
C'est comme si mes sens semblaient se réveiller. Regard ivre de couleurs, de fleurs nouvelles, de verdoyants sentiers... de couchers de soleil majestueux en tableaux de ciel... Oreilles tendues vers des
chants inconnus, des appels d'oiseaux... des écumes de mer brassant leur fureur en énormes rouleaux... Narines toutes grandes ouvertes sur les senteurs magiques de la végétation luxuriante... où bien papilles frétillantes des mets servis à ma table, aux épices chaleureuses... aux sourires complices de la cuisinière... ou bien à l'ivresse d'un punch arrangé et savamment dosé, répandant en moi, telle la lave du volcan, sa braise chaude et sucrée. Oui, les sourires aussi, de gens accueillants, respirants de bonté et de force de vie, au parlé coloré et aux accents dansants.
C'était la Réunion, si loin de mon Paris, si loin de mon pari. C'était un caillou au milieu de la mer, perdu dans l'océan et battu par les
vagues. Un caillou où je me posais quelques jours en escale à mon voyage au long cours... (long-court... va savoir?). Après avoir ricoché tant de temps sur des flots incertains, je m'immobilisais pour une courte pause sur cette grève noire... comme un ricochet dans ma vie, avant d'aller sauter plus loin.
Voilà. C'était tout ça. Mille images qui me reviennent et qui paraîssent comme un doux courant d'air chaud à mes
souvenirs, une brume de nuages que je domine du haut de mon cratère rocheux... Une île sauvage qui contient comme elle peut la lave de son coeur, mais qui explose parfois et que rien n'arrête alors... Lave qui coule lentement le long de ses flancs abruptes en son inexorable auto-dévastation... Mariée à la démarche lente et à la traîne noire qui avance dans l'océan... sans se retourner sur le mal qu'elle a fait.
Oui, c'était tout ça, et encore bien plus. Je ne saurais en bien parler, alors je jette ici des mots un peu redondants et mièvres car je ne sais guère faire mieux. Même mes images me paraîssent trahir la force de ce lieu. Les deux dimensions d'un cliché ne pourront de toutes façons jamais retranscrire les mille dimensions d'ici...
Ce fut juste un court séjour perdu au paradis où je ne retournerai sans doute jamais. Une brise marine. Un aperçu de l'Eden... Une caresse à ma mémoire. Une douce escale...